


Paillettes, boutons, tissus et laine ne sont plus de simples éléments secondaires dans l’art contemporain. Autrefois relégué à un statut inférieur et associé à un langage féminisé, l’art textile s’est imposé dans les expositions les plus prestigieuses à travers le monde. En 2024, son impact a été incontestable à la Biennale de Venise, où la question de la migration a été placée au centre des débats, donnant une voix aux racines culturelles diverses à travers le textile.
La présence d’artistes comme Qhip Nayra Uñtasis (Bolivie), Holod Hawash et Lap See Lam, ainsi que le pavillon des États-Unis avec Jeffrey Gibson, ont démontré comment le textile est devenu un moyen de résistance et de revendication identitaire. Jeffrey Gibson, en associant des couleurs vives et des références à l’histoire des peuples autochtones américains ainsi qu’à la sous-culture queer aux États-Unis, s’est démarqué avec l’une des propositions les plus marquantes de l’événement.
De l’autre côté de l’Atlantique, Art Basel et Art Miami ont suivi cette tendance, plaçant l’art textile sous les projecteurs. La série « Eruption » (2024) de Henny Nguyen J., combinant acrylique et tissu, a captivé l’attention, tout comme les tapisseries de Lorenzo Vitturi, qui explorent des formes organiques et des textures vibrantes. Lors de la Untitled Art Fair, Gary Tyler a présenté un puissant portrait textile, tandis que Laura Renée Maier a repoussé les limites de l’art conceptuel en utilisant une machine à coudre pour tisser des histoires de femmes et de mémoire.
Parmi les révélations, Marina Font s’est distinguée lors des foires Pinta et Art Miami. Née en Argentine en 1970, son travail, qui associe photographie, collage et fibres textiles, interroge l’identité, le genre et la mémoire avec une force poétique et psychanalytique. Sa présence confirme que le textile n’est pas seulement un médium, mais bien un langage essentiel de l’art contemporain.
Enfin, impossible de ne pas mentionner le MoMA de New York, qui intègre de plus en plus de pièces d’art textile dans sa collection. Des artistes comme Valerie Maynard (1937) et Suzanne Jackson (1944) y sont exposées avec des œuvres imposantes par leur puissance et leur ampleur.
Désormais, la question n’est plus de savoir si l’art textile est un art majeur, mais jusqu’où il pourra étendre ses possibilités narratives et esthétiques dans les années à venir.





Vanessa Tamayo Gómez,
Consultante en marketing de l'art et gestion culturelle
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