Zoom’Art Magazine

“Une nouvelle approche de l’Art”

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Ces notes sont le fruit d’un dialogue interne visant à entrevoir ce qui pourrait être considéré comme « non-art », et, en conséquence, les qualités distinctives de « l’art ». En raison de l’ampleur du sujet et de la difficulté de vraiment saisir le concept, j’aborde la réponse à partir d’une série d’idées individuelles, sous la forme d’un remue-méninge, qui cherchent à être la base d’un premier échange. Je ne prétends pas parvenir à une définition finale claire et concise, car l’art évolue et change en fonction du temps, du lieu et de la personne qui l’observe.

Passons donc aux premières réflexions.

Qu’est-ce que le non-art ? Pour moi, tout ce qui n’est pas une traduction poétique d’une réflexion préalable sur la réalité (personnelle, sociale, politique, culturelle).  Tout ce qui a comme seul but d’être commercialisable. Tout ce qui manque de l’expression claire d’une pensée ou d’un sentiment, et qui ne reflète pas une qualité créative, artistique ou poétique. Le non-art ne parvient pas à exprimer un travail créatif préalable. Le non-art est tout ce qui n’a qu’un sens pratique. L’art est volatile, changeant, introspectif, difficile à attraper d’un point de vue unique. L’art est différent selon son interaction avec toute sorte de publics, de période ou de territoire, et selon la vision de l’artiste, du conservateur ou du critique. L’art est multiple. L’art stimule. Le non-art n’apprend pas et ne dialogue pas avec les enseignements précédents, avec les créations contemporaines, locales, régionales, nationales ou internationales, avec les ancêtres. Le non-art n’évolue pas, ne se remet pas en question, n’avance pas, ne critique ni ne se critique pas. Le non-art est tout ce qui ne part pas d’une intention humaine de découverte de soi. L’auto-découverte de quoi exactement, c’est ce que nous devons répondre, en tant qu’historiens, en tant que critiques et surtout en tant que public.

Depuis les innovations provocatrices de Duchamp jusqu’à la fin des années 1970 (pop art, art relationnel, art conceptuel, …), le monde de l’art a été confronté à une intense remise en question des limites de la création artistique. Chaque discipline a pu se réinventer en nombreuses occasions jusqu’à ce que les distinctions soient effacées et que les catégories préexistantes soient renversées. L’art a besoin de contexte, d’échange, d’analyse, de découverte, de critique, pour être présenté comme tel. Cependant, il n’y a pas de recette. Ce qui pour moi peut avoir une valeur artistique, et même historique, pour un autre peut être de l’histoire ancienne, des moqueries, des taquineries.

Depuis lors, nous avons connu une forte division dans la réception de l’art contemporain. Il y a ceux qui critiquent sévèrement les nouvelles productions et ceux qui tiennent à les défendre. En fin de compte, l’histoire aura le dernier mot, car le non-art ne se sauvera pas des positions critiques qui concrétiseront son destin. Pour l’instant, il semble que, dans un monde de l’art avec un niveau de production considérablement élevé et un leitmotiv de liberté artistique, l’art se définit au cas par cas.

BIO

Historienne de l’art originaire de Mexico, Ana Sonderéguer poursuit sa carrière académique en se spécialisant en échanges artistiques internationaux et création contemporaine latino-américaine à l’École du Louvre et à l’IHEAL-Paris 3.

Au Mexique, elle travaille en tant qu’assistante de commissaire d’exposition au sein du Musée d’Art Moderne. Installée à Paris, elle développe une activité de médiatrice culturelle qui la mène à collaborer avec le Collège des Bernardins et la Maison de la Culture du Japon. Elle a également travaillé au Musée Carnavalet dans le cadre du projet de rénovation de ce dernier. Après l’École du Louvre, elle collabore avec la revue d’art contemporain Artpil et rejoint l’aventure Wasanii Ya Leo, agence culturelle qui se consacre à la valorisation et reconnaissance de l’art contemporain d’Afrique et d’Amérique latine.

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