Un monde vacille. Il ne s’effondre pas d’un coup — il se défait lentement, couture par couture. Dans les tableaux de LU Hang, ce n’est pas la fin du monde qu’on regarde, c’est son agonie silencieuse. Les corps n’expriment rien : ils plient, ils dansent, ils résistent. Ils deviennent signes d’une humanité qui vacille.
Ici, l’image ne raconte pas : elle tremble. Elle porte en elle la trace d’une douleur ancienne, d’un vertige partagé. LU Hang s’inspire d’une étrange danse qui a saisi Strasbourg en 1518, quand des hommes et des femmes se mirent à danser sans pouvoir s’arrêter. Il en fait une écriture de gestes, une peinture de spasmes.
Figures convulsées, chiens errants, visages effacés : tout semble contaminé, même la matière du tableau. Le rouge ne colore pas : il suinte. Il parle de blessures qu’on ne peut plus refermer.
Au milieu de cette tempête, un motif revient : la suture. Un fil fragile qui relie les morceaux. Non pour guérir, mais pour ne pas oublier. Une couture après la déchirure.
L’exposition de LU Hang n’est pas une réponse. C’est une question suspendue. Une tension, un silence, un tremblement. Comme une danse à l’aveugle dans un monde trop bruyant.
Ce que LU Hang propose, ce n’est pas une vision de la fin, mais un chemin à travers les ruines. Avec la peinture comme seul souffle. Et, dans le chaos, un fragile espoir : celui que l’art sache encore dire, sans crier, ce que nous ne savons plus nommer.
Thierry Tessier




Informations pratiques :
« SUTURES D’UN MONDE DISLOQUÉ »
Exposition du 7 juin au 12 juillet 2025
Vernissage le samedi 7 juin à 18h30
Vanities Gallery
17, rue Biscornet
75012 Paris


