L’acteur et mannequin Gaspard Ulliel est décédé à l’âge de 37 ans, le 19 janvier 2022 des suites d’un accident de ski. En hommage, voici un retour sur sa carrière.

Gaspard Ulliel né dans une famille de stylistes, se destine très rapidement à une carrière artistique, débute au cinéma alors qu’il n’a que 12 ans avec une apparition dans un épisode de série. Il acquière une certaine reconnaissance pour son rôle aux côtés d’Audrey Tautou dans Un long dimanche de fiançailles (2004) de Jean-Pierre Jeunet pour lequel il reçoit le César du meilleur espoir masculin, avant d’obtenir celui du meilleur acteur pour sa performance dans le film de Xavier Dolan, Juste la fin du monde (2016).

Juste la fin du monde est un long-métrage adapté de la pièce éponyme de Jean-Luc Lagarce. Ulliel y joue le rôle principal d’un écrivain, Louis, qui décide de revenir dans sa famille après douze ans d’absence pour annoncer à sa mère (Nathalie Baye), sa sœur (Léa Seydoux), son frère (Vincent Cassel) et la femme de ce dernier (Marion Cotillard) qu’il est malade et qu’il ne lui reste que peu de temps à vivre. La pièce, qui joue déjà sur des dialogues à double sens et sur la question de la communication au sein d’une famille, est l’occasion pour Dolan de déployer un quasi huit-clos qui met en avant le jeu de ses acteurs. Le film est lent, les plans nous poussent à observer cette maison d’enfance dans laquelle nous sommes propulsés. Et avec Louis, nous faisons face aux tensions, aux incompréhensions, aux appréhensions. Comment expliquer à ceux qui ne vous connaissent pas que vous venez leur dire au revoir pour la dernière fois ? Le texte de Lagarce frappe par la répétition des dialogues, les tirets qui inondent les phrases et qui miment l’incapacité des personnages à aller aux bout de leurs idées et de leurs pensées. En somme, leur incapacité à s’exprimer. Le film parvient à rendre cette tension par son rythme à la fois languissant et ininterrompu. Gaspard Ulliel, par son jeu d’acteur, nous fait ressentir tout le malaise de son personnage devenu un inconnu pour sa propre famille. Un malaise mêlé à de la nostalgie. Dans l’intimité de cette famille chaotique qui se retrouve pour un simple repas de famille, le spectateur devient un voyeur. Nous attendons, nous aussi, le dénouement de cette journée. Et il est facile de s’identifier aux personnages qui nous entrainent dans leurs émotions. Vont-ils réussir à s’écouter ?

Le film obtient les Césars du meilleur réalisateur, meilleur acteur et meilleur montage ainsi que le Grand Prix du Festival de Cannes. Il consacre Gaspard Ulliel que Xavier Dolan a décrit comme un acteur ayant « une douceur étincelante ».

De ZoomArt Paris Magazine, nous rendons cet hommage court mais sincère à une étoile qui a très vite éteint sa lumière vive.

Sarah Dubourg - Lic. Histoire de l'art