Il n’est pas aisé, au premier regard, de prendre toute la mesure des impressionnants travaux photographiques d’Arnaud Moreau, artiste et créateur, plus connu sous le nom d’Art’No.
Ses « Bestioles » nous font face et nous défient du regard sur leur large fond noir. Ce n’est qu’en s’approchant que l’on peut en comprendre la technique et prendre conscience des qualité plastiques, graphiques ainsi que de l’imagination débordante de leur auteur.
Car aussi surprenant que cela puisse être, ces étranges créatures issues tout droit de l’imaginaire du photographe sont créées à partir de mèches de cheveux colorées : un peu de poudre de couleur glissée sur la chevelure de ses modèles, deux ou trois poses et mouvements capillaires, et quelques clichés puis retouches photographiques plus tard voilà que viennent au jour ces entités quasi-mystiques.
Une fois exposées s’en suit alors un étrange dialogue avec le spectateur. On s’approche, décortique, recule pour mieux comprendre… On est fasciné par ces formes et couleurs psychédéliques et la symétrie parfaite de ces représentations.
Puis on prend le temps de découvrir chacune des créatures, d’entrer dans leur univers et d’en percevoir l’atmosphère. Certaines nous inquiètent tout comme d’autres, au contraire, nous apaisent…
Sur le même principe des pareidolies, c’est un véritable échange avec notre subconscient qui s’installe.
Dans ces photos qui nous rappellent le test de Rorschach (test composé de taches d’encre, utilisé dans le cadre d’évaluations psychologiques) l’artiste parle à nos émotions, à une partie primaire et instinctive de nous-même : celle qui comprends les formes indéfinies, les couleurs, et pioche dans notre vécu pour laisser libre court à notre interprétation personnelle. Finalement, à nous de laisser vagabonder notre esprit et accueillir images et idées qui viennent à nous naturellement.
On dit souvent que c’est le regardeur qui fait l’œuvre d’art et que notre avis au sujet d’une création artistique parle plus de nous que de l’œuvre elle-même. Le travail d’Art’No en est l’illustration parfaite.
Lisa Deparis
Commissaire d’exposition